L’âge d’or des directeurs artistiques ?
- Chloe M
- 8 déc. 2017
- 2 min de lecture
L'époque où un couturier disparaissait en même temps que sa marque n'existe plus. Même du temps de Christian Dior, souvenons nous que le jeune premier Yves Saint- Laurent réussi à faire perdurer la marque et la Maison après le décès pourtant tragique de son maître. Ou encore Marc Bohan, reprenant les rênes de la Maison de 1958 à 1989. La marque serait donc t-elle plus forte que le créateur? Depuis quelques années pourtant, la ribambelle de directeurs artistiques se succédant au sein d’une Maison, ne cesse de grandir, leur imposant un temps restreint pour construire une collection. La société de consommation telle que nous la connaissons semble être passée aussi par les Maisons de couture… Lorsque Tomas Maier est arrivé chez Bottega Veneta, en 2001, il a passé trois années à construire une collection pour le podium. Aujourd'hui, c'est la durée moyenne d'un contrat. Karl Lagerfeld, l’exception, vient de fêter son demi-siècle de collaboration avec Fendi. Désormais, les maisons perçoivent les directeurs artistiques comme les pilotes temporaires d'un avion qui doit voler à tout prix.

Des créateurs heureux…
Karl Lagerfeld est un des rares qui cumule la direction artistique de Chanel, celle de Fendi mais aussi de sa propre griffe.
"J'adore ce rythme effréné. La mode est synonyme de vitesse, expliquait-il récemment au site WWD. Mais, si vous n'êtes pas un bon matador, n'entrez pas dans l'arène. La mode est aujourd'hui un sport, il faut savoir courir."
Paul Smith, toujours à la tête de la marque qu'il a fondée lui-même il y a presque quarante ans, est impliqué au quotidien dans son travail, dans toutes les phases de créations, des stratégies de communication à ses différentes lignes, en passant par la décoration des boutiques. Un oiseau rare? Rick Owens y voit un "âge d'or de la mode", le site Man Repeller, lui, évoquait récemment la "génération burn-out". Oui, les directeurs artistiques des plus grandes maisons profitent de tous les luxes (avec à la clé une carrière brillante, une armada d'assistants et de chauffeurs, des voyages en première classe...), sauf d'un, inestimable, le temps.
Une nouvelle génération de directeurs artistiques…
Nous avons longtemps cru que la renommée d’une maison dépendait de son directeur artistique. C’est certain, même si nous reconnaissons depuis un certain temps que des jeunes directeur artistique moins connu se voient confier la direction des Maisons. Les nom des marques aujourd’hui peut à lui seul se vendre. La société Promise Consulting a d’ailleurs publié les résultats d'une étude mettant en scène les marques jugées les plus désirables en Chine. Sans surprise, Hermès, Louis Vuitton, Chanel, Prada et Dior sont en tête.Mais il est peu probable que ces mêmes clientes chinoises connaissent les noms des designers qui se cachent derrière ces prestigieuses marques. La maison Gucci a déniché récemment un nouveau directeur artistique, Alessandro Michele, en interne. Le nom de Lucas Ossendrijver, déjà directeur artistique de l'homme chez Lanvin, a également été évoqué pour reprendre aussi les collections féminines. Reste une question: est-ce que cette génération aura les épaules assez solides pour assurer ces défilés haute couture? Aujourd'hui, pourtant, les designers qui ont construit seuls leur succès n'hésitent pas à reprendre leur indépendance, tel Alexander Wang, qui a mis en scène son départ de Balenciaga -avec selfie triomphant lors du salut final de son dernier défilé- comme une libération.
Comments